Très haute tension

2010-2014, Normandie/France

(extrait)

D98, Montabot, juillet 2012.
“La décision de construire à Flamanville, dans la Manche, en Normandie, le réacteur nucléaire EPR n’a pas entamé la détermination du “Collectif anti-EPR”. Une “caravane d’information” a sillonné la Manche et le Calvados pour dénoncer le futur couloir de lignes à très haute tension qui les traversera.”
La Manche Libre, 13 mai 2005.

Dans la Manche, face au Mont Robin, une commune rurale d’à peine trois cents habitants, Le Chefresne, s’est trouvé au cœur d’un conflit l’opposant à EDF, et plus particulièrement à sa filiale RTE (Réseau de transport d’électricité). Le motif en était la construction d’une ligne électrique à très haute tension.
Comme il est d’usage lors de la mise en place de tels chantiers, c’est après de longues années d’études et de négociations, entamées ici en 2005, que les équipes de chantiers sont entrées en action début 2012, pour entamer le montage des pylônes. Destiné à relier la centrale nucléaire de Flamanville, et à terme le futur réacteur EPR, au réseau électrique de la vallée de la Loire, ce chantier prit progressivement position dans le bocage. A l’approche de l’été 2012, en différents points de cette ligne, face à l’arrivée des engins et des équipes de chantier de vives tensions se font sentir.
Ces actions, qualifiées de « citoyennes » par leurs auteurs, se radicalisent progressivement dans le but de ralentir le chantier, occasionnant ce que RTE de son côté ne tarda pas à qualifier de « sabotages ». C’est néanmoins avec des préoccupations très différentes que les acteurs de ce combat mènent leur lutte. Qu’ils soient militants anti-nucléaires fermement opposés à la construction de l’EPR de Flamanville, élus locaux soucieux de la santé et de la qualité du cadre de vie de leurs administrés, ou encore propriétaires terriens et agriculteurs, cherchant à négocier au mieux les indemnités liées au préjudice qu’ils subissent tous se retrouvent confrontés à la puissance et à la détermination d’un appareil administratif, industriel et politique bien éloigné des réalités du terrain.
Avec ce travail photographique documentaire entamé en 2010, c’est à la marge de ces événements que se pose le regard. Ce sont tout d’abord les manifestations graphiques d’opposition à la mise en place de cette ligne électrique qui ont retenu mon attention. Placés au bord des routes, depuis plusieurs années, des panneaux, des graffitis, aussi explicites que souvent chargés d’humour, de défiance ou d’insultes à l’égard des décideurs et des autorités ont été les premières traces visibles de ce projet. Une fois les travaux engagés, c’est l’inscription paysagère de cette ligne électrique et de son chantier sur le bocage qui a retenu mon attention. Mes investigations se sont alors circonscrites à une portion du tracé située entre Marigny et Margueray.
En suspens au cœur de l’hiver,  ce chantier, qui aurait dû être achevé fin 2012, semble endormi, plongé dans une hibernation forcée. Au plus profond de l’hiver les quelques pylônes encore en attente de leurs câbles (numéro 223 à 231), se perdent dans la brume. Pendant ce temps, à quelques centaines de mètres de là, un autre chantier débute, visant lui à implanter une dizaine d’éoliennes de part et d’autre du hameau de la Gendrinière, faisant de cette campagne Normande le symbole de certains des enjeux énergétiques contemporains.


La Ronde

2012, Bretagne

(extrait)

slide 1
Centre d’exploitation routier, CG35, Antrain, décembre 2011

De missions en missions dans une mobilité quasi continuelle les agents de la voirie élaguent, coupent, taillent, nettoient, creusent, construisent, réparent, etc. autant de missions qui procèdent de la diversité de leurs fonctions et assurent des infrastructures collectives de qualité aux usagers. C’est la grande diversité de ces missions qui sont ici dépeintes. Au delà dans cette ronde de lieux en lieux, de chantiers en chantiers c’est avant tout l’humain dans sa relation au territoire qui est représenté.

Cette série est le résultat d’une invitation en résidence Le Village – Site d’expérimentation artistique (Bazouges La Pérouse) sur le territoire de Antrain Communauté entre décembre 2011 et février 2012, dans le cadre d’un projet collectif intitulé « La Ronde », mené par trois photographes du Bureau d’investigation photographique (Antoine Chaudet, Bruno Elisabeth et Richard Louvet).