Très haute tension

2010-2014, Normandie/France

(extrait)

D98, Montabot, juillet 2012.
“La décision de construire à Flamanville, dans la Manche, en Normandie, le réacteur nucléaire EPR n’a pas entamé la détermination du “Collectif anti-EPR”. Une “caravane d’information” a sillonné la Manche et le Calvados pour dénoncer le futur couloir de lignes à très haute tension qui les traversera.”
La Manche Libre, 13 mai 2005.
D208, Le Neufbourg, Le Chefresne, aout 2012.
“Ce lundi 30 juillet, des agriculteurs de la région percyaise sont remontés... Alors que des travaux de fixation des pylônes pour la ligne THT s'apprêtent à débuter, dans le canton de Percy, des agriculteurs réfractaires à ce projet expriment leur mécontentement. Chez Yves Larsonneur et chez Claude Osmont, le refus de laisser l'accès aux champs est net. Des véhicules agricoles ou des bovins ont été placés à l'entrée des parcelles. Les gendarmes observent l'évolution de la situation, de loin. Difficile de savoir comment les choses vont évoluer ...”
La Manche Libre, 30 juillet 2012.
D999, La Tillandière, Percy, aout 2012.
D98, La Cavée, Percy, septembre 2012.
“Maître d'ouvrage de la ligne THT Cotentin-Maine, RTE, filiale d'EDF, avait acheté au prix du marché 70 maisons, toutes situées à 100 mètres de part et d'autre de cette ligne. Les propriétaires, inquiets de cette proximité pour leur santé, avaient répondu à l'offre de rachat de RTE. Récemment, la filiale dEDF avait mis en vente ces maisons à des prix très inférieurs à ceux qu'elle avait acquittés pour les acquérir. Finalement, RTE a décidé de retirer ces maisons de la vente.”
La Manche Libre, 16 septembre 2015
Pylône 232, La Vaulonnière, Margueray, septembre 2012.
Le Mesnil Herman, octobre 2012.
Pylône 223, La Cavée, Percy, octobre 2012.
“Le courant n'y passe pas encore mais... Coup de chaud au Chefresne où il se passe toujours des choses. Voilà qu'hier matin trois câbles de la THT se défilaient et pendouillaient à quelques mètres du sol au pied du pylône 225 sur un herbage exploité par Yves Larsonneur et Sylvie Hubert. L'annonce de l'incident, sur le site de Percy-sous-tension, en est-il responsable, mais, mardi soir, des vigiles étaient de retour auprès du 223, planté au bord de la route de Montabot, surveillant à distance les lieux. Hier après-midi, RTE, qui a confirmé le sabotage, a pu accéder au champ pour commencer à réparer.”
Ouest-France, 17 avril 2013.
D452, La Bévinière, Le Chefresne, octobre 2012.
“Le campement des militants anti-THT, qui occupent un bois du Chefresne menacé de destruction partielle, entre dans sa quatrième semaine. Les opposants à la ligne Cotentin-Maine ont encore aménagé et renforcé la sécurité du camp en prévision d’une intervention des forces de l’ordre. Les délégations de militants s’enchaînent, comme aujourd’hui vendredi, avec la visite de militants du réseau Sortir du nucléaire venus de Saint-Malo. Les anti-THT, eux, continuent de se relayer sur le campement pour en assurer la garde.”
Ouest France, 20 avril 2012.
D208, Le Chefresne, décembre 2012.
“La ligne tht, découlant du futur réacteur nucléaire nouvelle génération "EPR", qui sera construit à Flamanville, fait couler, sinon beaucoup d’encre du moins des tonnes de slogans de la part des "anti". Lors des réunions de Coutances et Romagny, réunions de concertation réunissant, élus, associations, pouvoirs publics et représentants de RTE, Green-Peace et le Crilan ont salué à coups de sirène et tambours l’entrée et la sortie des invités. Côté agriculture, particulièrement concerné par cette ligne puisqu’elle descend toute la Manche, Rémi Bailhache président de la chambre consulaire, a souhaité, non pas une ferme expérimentale, comme il était prévu au début du projet, mais des fermes "témoins" afin d’étudier l’impact de la ligne sur les comportements humain et animal. Nous reviendrons dans notre prochaine édition en détail sur ces réunions.”
www.agriculteur-normand.com, 21 septembre 2007.
D455, Les Mares, Montabot, décembre 2012.
“Agriculteurs à Montabot, non loin de Percy dans le centre-Manche, Yves Larsonneur et Sylvie Hubert ont remporté un combat judiciaire décisif, entamé en 2012 à l'encontre de RTE, Réseau de transport d'électricité, filiale d'EDF, à propos de l'implantation sur leurs terres de deux pylônes de la ligne THT Cotentin-Maine. La Cour d'appel de Caen a condamné RTE, mardi 1er juillet, à verser aux deux agriculteurs une indemnisation de 203 200 euros. Les deux agriculteurs contestaient le montant de l'indemnisation que leur proposait RTE en compensation de la perte de valeur vénale de leur exploitation due à la présence de ces deux pylônes. A quoi s'ajoute l'abattage de treize arbres avant leur arrivée à maturité. Une nouvelle expertise aura lieu, mais RTE devra payer dès à présent l'indemnisation.”
La Manche Libre, 2 juillet 2014.
L’église, Le Chefresne, décembre 2012.
“Le projet du maire du Chefresne (Manche) d’installer des panneaux photovoltaïques sur l’église pour financer ses travaux, est compromis. Il a reçu, hier, jeudi, un arrêté préfectoral qui s’y oppose. L’idée était d’affecter uniquement à l’église les recettes dégagées par la vente de l’électricité à EDF. « La charpente et la toiture sont menaçantes. » Ce projet « développement durable », le deuxième de ce type en France, avait été voté à l’unanimité par le conseil municipal du Chefresne en novembre 2009. L’arrêté préfectoral d’opposition à une déclaration préalable, pris le 28 juin, le compromet, pour des raisons architecturales et paysagères. « On peut faire appel devant le tribunal administratif, mais il faudra attendre 18 mois avant que le dossier soit instruit, explique Jean-Claude Bossard. Or au 1er janvier 2011, la législation change sur les panneaux photovoltaïques. Il deviendra très difficile d’en installer. » Le maire, chef de fil des élus contre la ligne THT Cotentin-Maine, s’interroge : « Dans la même semaine, la ligne THT est autorisée à proximité de notre temple protestant inscrit au monument historique. Cette église n’est même pas classée. »”
Ouest France, 2 juillet 2010.
La Bévinière, Le Chefresne, décembre 2012.
“Au Chefresne (Manche), les anti-THT n'occupent plus les arbres menacés d'abattage par peur des débordements. « Je ne veux pas de blessés chez moi », résume Jean-Claude Bossard. Les militants anti-THT, qui occupaient un bois appartenant à l'ancien maire du Chefresne (Manche), ont décidé de changer leur mode d'action. Cette parcelle, située sous la future ligne électrique Cotentin-Maine, était promise à la destruction. Elle avait été transformée, au fil des mois, en véritable camp retranché. Elle ne sera plus occupée que de manière « symbolique ». De fait, hier, les opposants avaient déserté le camp.”
Ouest France, 11 septembre 2012.
Le Neufbourg, Le Chefresne, décembre 2012.
« Dernier combat pour les opposants au pylône 227, et illusions perdues. Martine Leroy et Nicolas Maclet de RTE discutaient même presque calmement sous les yeux de l'huissier mandaté par RTE. « Je n'ai peur de personne, même pas de l'huissier. Ça fait six mois que je suis là. Je me suis usée... », s'emportait-elle tout de même quand Yves Larsonneur, à côté d'elle, éructait. « Je serai là le plus souvent possible », lui précisait Nicolas Maclet, toujours d'un calme olympien. « Le soir, je ferai un retour avec vous. Je suis là pour réaliser les travaux dans les meilleures conditions possibles », ajoutait-il tandis qu'à quelques pas de là, sur la route battue par un vent glacial, les ouvriers luxembourgeois d'Alpine-énergie attendaient l'ordre d'entrer sur l'exploitation avec leur grue.”
Ouest France, 23 Janvier 2013.
La Loudière, Le Chefresne, février 2013.
« Coup de chaud dans le froid, vendredi matin au Bois de la Bévinière. Forestiers avec leurs tronçonneuses, huissier, représentant de RTE et gendarmes sont arrivés de bonne heure ce vendredi matin sur et autour de la propriété de Jean-Claude Bossard, l’ancien maire du Chefresne et farouche opposant à la ligne THT Cotentin-Maine. Un des tout derniers obstacles au passage de la ligne THT comme le fameux pylône 227, dont on attendrait le début de construction pour la fin de la semaine prochaine, confie-t-on du côté de la famille Osmond. Quelques opposants ont bien tenté de s’interposer mais les gendarmes les ont empêchés et une quinzaine d’arbres ont été coupés.”
Ouest France, 18 Janvier 2013.
M. Claude Osmond, Le Neufbourg, Le Chefresne, avril 2013.
« Trêve des confiseurs sur le chantier de la ligne THT Cotentin-Maine. Après avoir gardé leur champ durant plus de six mois, au Chefresne, Martine Leroy et son compagnon Claude Osmond s'apprêtent à passer les fêtes au chaud, et à l'abri. Les éleveurs ont reçu, lundi, le directeur de projet national de RTE, Philippe Rémy. Des « négociations » sont en cours entre les deux parties. Le couple d'agriculteurs s'oppose à l'implantation d'un pylône sur ses terres et demande une meilleure indemnisation de la part de RTE. »
Ouest France, 18 Décembre 2012.
Mme. Martine Leroy, Le Neufbourg, Le Chefresne, avril 2013.
« Coriace aussi Martine Leroy. Haut perchée pareillement : l'agricultrice passe une partie de ses journées au bout de la fourche déployée de son tracteur. La THT surplombera sa ferme sur 1 km : « On me saccage mon outil de travail qui devient invendable. » Martine Leroy, déterminée à ne pas vivre sous 400 000 volts, avec ses vaches, sous le futur pylône 227. Le terrain reste donc inaccessible aux constructeurs de pylônes. »
Ouest France, 30 août 2012
Le Neufbourg, Le Chefresne, avril 2013
« Oublié le taureau redoutable qui avait fait douter puis reculer l'entreprise prête à préparer la plateforme, fin juillet dernier. Depuis, il a été envoyé à l'abattoir. La route qui mène au Chêne-Guérin, au château d'eau qui fut un haut lieu de la lutte anti-THT, n'est qu'un lit de boue, les bermes défoncées suintant l'eau. Dans son champ, le tracteur arbore toujours, inutilement, ses exigences en trop d'euros au goût de RTE, sur le plastique aux couleurs de deuil. La caravane est proche, désertée aussi. Et le sapin de Noël planté en décembre paraît hors de saison. L'époque n'est plus aux cadeaux espérés. À quelques dizaines de mètres, il est là le 227. Le fameux pylône de la contestation Leroy, Osmont et leurs alliés. Monté des pieds à la tête. Qui paraît immense contre le ciel gris de février. « On ne voit que lui. Je le vois de chez moi... », ricane, sarcastique, un Chefresnais.”
Ouest France, 10 Février 2013.
Eolienne E1, D28, La Bassaquerre, Margueray, avril 2013.
“Après Aérodis, qui avait porté le projet à l'origine, et E.ON, qui l'avait repris pour le céder à François Charmy tout juste avant la limite de validité du permis de construire, ce sont des fonds d'investissement allemands, sous le nom de Leonidas Associates, qui en assument désormais le coût. « Les banques françaises financent difficilement. François Charmy cherchait un acquéreur. On a fait faire un audit de l'opération et on a repris », rapporte Jean-Marie Santander, PDG de Global EcoPower, qui gère désormais les travaux en « société support de programme ».”
Ouest-France, 10 mars 2013.
Pylône 235, Les Hauts vents, Montbray, avril 2013.
“Le sujet du Mont-Robin est abordé. Pourquoi ne pas l’éviter ? Philippe JOACHIM ne semble pas être spécialement attiré par le site. Il nous montre des photos et, d’un clic de souris, fait apparaître trois pylônes. A ce propos, je lui demande s’ils seront identiques à ceux de l’ancienne ligne. Il semble que oui car les pylônes ajourés s’intègrent mieux dans le paysage que ceux de type « muguet », plus massifs. Tant mieux ! Finalement, la principale préoccupation de RTE semble être de nature paysagère. Alors, pourquoi voyons-nous souvent des pylônes sur les lignes de crête ? Et pourquoi est-on aussi draconien sur la position des éoliennes ? Deux poids, deux mesures. Là encore, c’est un choix politique. La fibre « écolo » (au bon sens du terme) n’appartient pas au patrimoine génétique de nombre de nos élus. Contrairement à la fibre « langue de bois ».”
Michel Roussel, Compte-rendu d’une réunion avec RTE à Montbray dans la Manche, le 17 juillet 2008.
D455, La Crespinière, avril 2013.
« La caravane "stop-THT" a également été priée de quitter les lieux ... Au terme de la journée du mercredi 20 juin, un bilan pouvait-être fait : les forces de l'ordre ont "dégagé" de ses installations le château d'eau du Chefresne et les alentours : un site qui était devenu, ces derniers mois, le quartier général des "anti-THT". Les gendarmes étaient déjà passés à l'action le 6 juin, dans cette commune du canton de Percy, pour placer en garde à vue le maire, Jean-Claude Bossard, très réfractaire au passage de la ligne THT sur le territoire. Celui-ci avait ensuite annoncé sa démission et celle du conseil. Le préfet a justifié l'intervention de mercredi en indiquant que depuis le 18 janvier, le conseil municipal avait peut-être mis l'ancien château d'eau à disposition de l'association anti-THT Percy sous tension... mais que cette décision était "manifestement illégale, susceptible de troubler l'ordre public et de nature à mettre en cause la sécurité des personnes". »
La Manche Libre, 20 juin 2012.
Accés à l’éolienne E4, Rousseville, Margueray, mars 2014.
“Un vent d'incertitude soufflait sur les sept éoliennes de Margueray et les trois de Montbray depuis quelques jours. En cause, un recours déposé par Philippe Lebouvier, le président de l'Association contre les éoliennes de Margueray - Montbray et ses environs, (1) qui faisait craindre à certains, propriétaires des terrains où sont en cours d'implantation les dix éoliennes, ou maires des deux communes, un arrêt possible du chantier. « Le recours, ça nous est égal », répondait lundi depuis Aix-en-Provence, Jean-Marie Santander, le patron de Global Ecopower, le constructeur, pour Leonidas, le futur exploitant. « Le préfet a déjà répondu que le recours n'était pas recevable », ajoutait-il, pas inquiet de la suite devant le Tribunal administratif. « Quand on décide de faire de l'éolien en France, systématiquement on vit là-dedans. On est assez habitués. Monsieur Lebouvier prétend que le permis de construire n'était pas affiché correctement. Nous, on a le rapport de l'huissier qui dit le contraire ».”
Ouest-France, 14 Mai 2013.
Eolienne E9, Margueray, mai 2013.
“À ce jour, trois d'entre elles, les n° 7, 8 et 9, comme affiché aux abords des chantiers sur les hauteurs des deux communes, sont ferraillées. Prêtes. Quelque 46 tonnes d'un maillage aussi harmonieux qu'impressionnant, aux airs de dentelle d'acier. Une quatrième est en cours, la n° 11 (à l'origine il devait y avoir onze éoliennes. Le numérotage est demeuré inchangé après la suppression de l'une d'entre elles, ndlr), dont le ferraillage devrait être achevé durant cette deuxième semaine de mai. Deux sur Montbray. Deux sur Margueray. « Le ferraillage doit être validé par une société venant du sud de la France, qui va venir quand les quatre seront prêtes », dit-on du côté du responsable des ouvriers attelés à la tâche.”
Ouest-France, 3 Mai 2013.
Eolienne E7, Montbray, mai 2013.
“Exactement 348 m3 de béton en provenance des centrales de Saint-Maur-des-Bois et de Vire, mercredi au pied de l'éolienne E3 de Margueray, deux jours après que la E4 ait eu, elle aussi, son ancrage au sol. Même façon de traiter les choses, ce vendredi matin en principe avec l'E2. Restera la E1 avec un coffrage spécial, en principe la semaine prochaine, et les dix éoliennes de Margueray et Montbray seront toutes scellées. Début de la phase suivante, dès le début de la semaine prochaine où une équipe va commencer le remblaiement des bases des E7, E8, E9, E10 et E11, faisant ainsi disparaître le béton des regards.”
Ouest-France, 11 juillet 2013.
Eolienne E3, Margueray, mars 2014.
“Tout peut-être rapide quand le beau temps est là. Il avait fallu 40 jours pour l'éolienne E 11 à cause du vent permanent. Le mardi 4 mars, montage du bottom et du middle de la E1, et, mercredi, top, nacelle, rotor, et pales ont suivi. Deux jours et l'éolienne était terminée en début d'après-midi, à quelques dizaines de mètres d'une autre éolienne, bien petite...”
Ouest-France, 7 mars 2014.
Eolienne E3, Margueray, mars 2014.
Eolienne E3, Margueray, mars 2014.
“Des curieux, passionnés, qui viennent, pour certains, de communes pourtant distantes. On a pu en croiser un, appareil photo dans les mains, arrivé de Sainte-Cécile. Il avait déjà suivi avec intérêt l'arrivée des éoliennes de Guilberville. On a aussi croisé un couple venu de Saint-Sever, attiré par le premier mât se dessinant sur l'horizon vu de leur maison.”
Ouest-France, 31 Janvier 2014.
Eolienne E2, Margueray, mars 2014.
Eolienne E5, Margueray, mars 2014.
“« trois jours de montage » assuré par Repower. « Du 7 au 22 janvier » pour les éoliennes montbrayonnes. Et avant la mi-février, celles de Margueray. Moments spectaculaires en perspective.”
Ouest-France, 11 décembre 2013.

Dans la Manche, face au Mont Robin, une commune rurale d’à peine trois cents habitants, Le Chefresne, s’est trouvé au cœur d’un conflit l’opposant à EDF, et plus particulièrement à sa filiale RTE (Réseau de transport d’électricité). Le motif en était la construction d’une ligne électrique à très haute tension.
Comme il est d’usage lors de la mise en place de tels chantiers, c’est après de longues années d’études et de négociations, entamées ici en 2005, que les équipes de chantiers sont entrées en action début 2012, pour entamer le montage des pylônes. Destiné à relier la centrale nucléaire de Flamanville, et à terme le futur réacteur EPR, au réseau électrique de la vallée de la Loire, ce chantier prit progressivement position dans le bocage. A l’approche de l’été 2012, en différents points de cette ligne, face à l’arrivée des engins et des équipes de chantier de vives tensions se font sentir.
Ces actions, qualifiées de « citoyennes » par leurs auteurs, se radicalisent progressivement dans le but de ralentir le chantier, occasionnant ce que RTE de son côté ne tarda pas à qualifier de « sabotages ». C’est néanmoins avec des préoccupations très différentes que les acteurs de ce combat mènent leur lutte. Qu’ils soient militants anti-nucléaires fermement opposés à la construction de l’EPR de Flamanville, élus locaux soucieux de la santé et de la qualité du cadre de vie de leurs administrés, ou encore propriétaires terriens et agriculteurs, cherchant à négocier au mieux les indemnités liées au préjudice qu’ils subissent tous se retrouvent confrontés à la puissance et à la détermination d’un appareil administratif, industriel et politique bien éloigné des réalités du terrain.
Avec ce travail photographique documentaire entamé en 2010, c’est à la marge de ces événements que se pose le regard. Ce sont tout d’abord les manifestations graphiques d’opposition à la mise en place de cette ligne électrique qui ont retenu mon attention. Placés au bord des routes, depuis plusieurs années, des panneaux, des graffitis, aussi explicites que souvent chargés d’humour, de défiance ou d’insultes à l’égard des décideurs et des autorités ont été les premières traces visibles de ce projet. Une fois les travaux engagés, c’est l’inscription paysagère de cette ligne électrique et de son chantier sur le bocage qui a retenu mon attention. Mes investigations se sont alors circonscrites à une portion du tracé située entre Marigny et Margueray.
En suspens au cœur de l’hiver,  ce chantier, qui aurait dû être achevé fin 2012, semble endormi, plongé dans une hibernation forcée. Au plus profond de l’hiver les quelques pylônes encore en attente de leurs câbles (numéro 223 à 231), se perdent dans la brume. Pendant ce temps, à quelques centaines de mètres de là, un autre chantier débute, visant lui à implanter une dizaine d’éoliennes de part et d’autre du hameau de la Gendrinière, faisant de cette campagne Normande le symbole de certains des enjeux énergétiques contemporains.