Les A.L.G.
2013-2014, Normandie-Bretagne / France
(extrait)
Méautis, lieu-dit La Lande Godard, monument à la mémoire de l’ALG A-17, juin 2013.
« Le 840e bataillon de génie de l’Air débarqua dans la première quinzaine de juillet sous le commandement du Lt Col. J.M. Keane et se dirigea le 24 juillet vers le site qui lui était assigné entre Méautis et Auvers immédiatement à l’ouest de Carentan, endroit qui venait tout juste d’être libéré… »
- ROBINARD François, 50 aérodromes pour une victoire, Bayeux, Heimdal, 2012, p. 223.
Méautis, lieu-dit La Lande Godard, site de l’ALG A-17, juin 2013
« Le terrain fut entièrement terminé à la mi-août et prêt à accueillir leurs hôtes, les P-47 du 50th Fighter Squadron […]. Les relations des hommes du Group avec les civils s’avèrent excellentes grâce au curé du village qui apportait chaque jour des produits des fermes environnantes tant aux sapeurs du génie qu’aux aviateurs dès qu’ils arrivèrent sur le terrain. »
- ROBINARD François, 50 aérodromes pour une victoire, Bayeux, Heimdal, 2012, p. 224.
Auvers, D 543, lieu-dit Le Routeux, site de l’ALG A-17, juin 2013.
« Si la partie principale était recouverte de jute bitumeux PBS recouvert de grillage à maille carrée SMT, le prolongement était en terre compactée. 83 alvéoles furent aménagées, un peu plus que les 75 habituelles, de part et d’autre des taxi-ways ceinturant la piste d’envol. »
- ROBINARD François, 50 aérodromes pour une victoire, Bayeux, Heimdal, 2012, p. 223.
Amfreville, D69, site de l’ALG A-8, juin 2013
« Nos services du Génie construisaient en plusieurs endroits des terrains d’aviation. La rapidité de ce travail était stupéfiante. Un officier du Génie qui s’en occupait me raconta qu’un jour, en Sicile, le maréchal de l’Air Park lui avait demandé, en lui montrant un emplacement choisi, en combien de semaines il pensait pouvoir y construire une aire d’atterrissage. L’officier avait répondu : "En dix jours. Mais il faut le temps d’amener le matériel sur place." Treize jours plus tard, le premier avion décollait. Nous assistâmes à des tours de force de ce genre. D’énormes bulldozers nivelaient le terrain, l’armature était disposée et des machines spéciales coulaient de grandes nappes de ciment. On construisait ainsi des routes à l’aide de machines qui semblaient les pondre sous elles-mêmes à mesure qu’elles avançaient. »
Georges Blond, Le débarquement-6 juin 1944, Paris, Fayard, 1951, p. 407-408.
Picauville, D 69, monument à la mémoire de l’ALG A-8, juin 2013.
« … lassé de subir les incursions nocturnes de plus en plus nombreuses des bombardiers de la Luftwaffe, l’état-major du XIX TAC demanda au Haut Commandemebt de la 9th Air Force qu’il mît à leur disposition les Mosquitoes de chasse de nuit de la RAF. Afin de renforcer la défense anti-aérienne de nuit sur le Cotentin, deux Squardons de la 2nd Tactical Air Force équipés de Mosquito XII et XIII, le 604 et 264 arrivent respectivement le 6 et 11 août à Picauville et sur A-8 qui a été aménagé pour le rendre opérationnel la nuit. L’appelation ALG A-8 va donc être transformée en ALG A-8N. »
- ROBINARD François, 50 aérodromes pour une victoire, Bayeux, Heimdal, 2012, p.123-124.
Picauville, lieu-dit Les Buts Dorés, site ALG A-8, juin 2013.
"La piste fut construite en 36 heures. Pourtant le terrain était parsemé de petites mares ou points d'eau pour abreuver le bétail qui n'étaient guère décelables sur les photos aériennes. Les opérations de terrassement se déroulèrent sans ennuis majeurs, les hommes des bataillons étant des vétérans rompus à ce genre d’exercice qu’ils avaient accompli maintes fois en Angleterre déjà. Ils connaissaient parfaitement leur matériel et utilisèrent les pierres des maisons détruites aux alentours pour remblayer les trous d’eau avant de compacter et niveler le terrain avec de la terre rapportée. Ces installations étaient prévues pour accueillir 75 chasseurs bombardiers et 36 chasseurs de nuit britanniques. »
- ROBINARD François, 50 aérodromes pour une victoire, Bayeux, Heimdal, 2012, p. 113.
Picauville, D 69, juin 2012.
« Elles étaient assemblées partiellement par paquets de 900 kg posés par des camions grues spéciaux. Devant les difficultés posées par leur démontage et leur transport, le génie américain préféra, la plupart du temps « négocier » leur reprise par les autorités ou les particuliers français. »
- ROBINARD François, 50 aérodromes pour une victoire, Bayeux, Heimdal, 2012, p. 39.
Sainte-Mère-Eglise, Chasse des Coisnets, site ALG A-6, juin 2013.
« Un grand camp d’aviation a été installé à un kilomètre de Sainte-Mère-Église, autour de la ferme de La Londe. Des grues montées sur camions, de gigantesques pelleteuses, des rouleaux énormes ont été amenés en quelques heures, et en moins de huit jours, sur deux kilomètres de logueur et huit cent mètres de largeur, les arbres ont été arrachés comme fétus de paille et transportés au loin. […]
La grande avenue aux arbres nés sous le premier Empire, et sur laquelle s’étaient écrasés le 6 juin les planeurs, avait disparu. Plus de haies vives, plus de fossés ; le terrain était nivelé, silloné de longues pistes courant en tous sens, et sur ces pistes étaient jetés, comme sur les routes de la côte, les longs treillages.
- C’est une parcelle de Beauce transportée soudain en Normandie, disait justement quelqu’un. »
Alexandre Renaud, Sainte-Mère-Église – 5-6 juin 1944, Paris, Julliard, 1988, p. 108.
Catz, lieu-dit La Fourchette, site ALG A-10, août 2013.
« Les terrains sondés devaient résister à une pression de 6 Kg oar cm2. Les pistes supportant chocs et trépidations, il fallait leur donner une résistance suffisante en leur assurant de bonnes fondations. »
- ROBINARD François, 50 aérodromes pour une victoire, Bayeux, Heimdal, 2012, p. 43.
Catz, lieu-dit La Fourchette, site ALG A-10, août 2013.
« Ces fils d’acier d’assez grosse section (près de 5mm) étaient en acier Corten, matériau qui avait la particularité d’être auto-protecteur, c’est à dire que sa première couche de rouille le protégeait de la corrosion et l’empêchait de se ronger. »
- ROBINARD François, 50 aérodromes pour une victoire, Bayeux, Heimdal, 2012, p. 39.
Houtteville, D 267, monument à la mémoire de l’ALG A-14, juin 2013.
« Le terrain conquis pour y établir A-14 était sur un plateau dominant les marais de la Douve sur le domaine qui fût autrefois celui de la famille de fracquetot de Coigny qui fournit à la France sous l'Ancien Régime, le premier Empire et la Restauration des maréchaux et des militaires de haut rang. »
- ROBINARD François, 50 aérodromes pour une victoire, Bayeux, Heimdal, 2012, p. 191.
Les Asselines, Château de Francquetot, plaque à la mémoire de l’ALG A-14, juin 2013.
« Le château de la famille bordait la piste construite pour les Thunderbolts et la vaste et splendide demeure, toujours existante au XXIe siècle, servit de logement aux officiers des Groups de chasse qui résidèrent, outre le 358th, du 3 juillet au 14 août, il y eut également les Lightnings du 393rd Squadron du 367th Fighter Group du 27 juillet au 14 août et les Thunderbolts du 406th du 1è août au 4 septembre. »
- ROBINARD François, 50 aérodromes pour une victoire, Bayeux, Heimdal, 2012, p. 191.
Brucheville, D 424, site de l’ALG A-16, juin 2013.
« Les ordres donnés au 843rd le 4 juillet étaient de construire une piste de 1.100 mètres avec revêtement bitumeux Hessian prolongée d’une partie de 425 mètres en terre compactée stabilisée par la pose de grillage SMT, le tout de 36,50 m de large, un taxi-way en PHS et un autre en SMT et 75 alvéoles de 13 x 22 m (286 m2), 50 recouvertes de SMT et 25 en terre nivelée et compactée. Le tout devant être terminé pour le 16 juillet. »
- ROBINARD François, 50 aérodromes pour une victoire, Bayeux, Heimdal, 2012, p. 219.
Plage de Querqueville, site de l’ALG A-23, juillet 2013.
« Le 850th EAB travaillait à la restauration des deux aérodromes cherbourgeois : A15 à l’est et A-23 à l’ouest. Ancien terrain de l’aéronavale française, il avait été occupé par la Luftwaffe qui l’avait saboté à son départ. «
- ROBINARD François, 50 aérodromes pour une victoire, Bayeux, Heimdal, 2012, p. 243.
Plage de Querqueville, site de l’ALG A-23, juillet 2013.
« La piste de 905 mètres fut portée à 1400. Occupé par les Américains jusqu’en août 1945, il devint ensuite une base de l’aéronavale. Il ne subsiste rien des installations aujourd’hui. »
- ROBINARD François, 50 aérodromes pour une victoire, Bayeux, Heimdal, 2012, p. 243.
Couvains, lieu-dit Les Escaliers, site ALG A-19, juillet 2013.
« Des mouvements de personnels intervinrent durant tout le mois de juillet et c’est le 31, enfin au complet, que le 818th EAB entreprit la construction d’un nouveau terrain qui prendra le nom de code A-19. Il était situé près de la cote 192, un endroit qui avait été le théâtre de durs combats durant la bataille de Saint-Lô. Il en subsistait les traces encore bien visibles et des corps de soldats allemands et américains furent découverts enterrés à la hâte dans les talus des haies qui bordaient les champs. Tout autour, ce n’était qu’arbres déchiquetés et ruines jusqu’à Saint-Lô dont il ne restait presque plus rien. »
- ROBINARD François, 50 aérodromes pour une victoire, Bayeux, Heimdal, 2012, p. 234.
Sainte-Marguerite d’Elle, lieu-dit Le Pas Gautier, aux abords du site de l’ALG A-5 "Chippelle", juin 2012
« Ne cherchez pas la commune de Chippelle sur une carte ou un annuaire de la Basse-Normandie, vous ne la trouverez pas. As plus que le lieu dit d’ailleurs car c’est en se rendant sur le site de construction après avoir quitté Criqueville (A-2) que les hommes du 820th E.A.B. du Lt Cl. Trumbull s’arrêtèrent au milieu d’un groupe de maisons dont l’adresse était le "lieu Chippel". Ce furent les dernières qu’ils rencontrèrent avant d’arriver précisément sur le site. N’étant pas familiers des difficultés cadastre ancestral français, ils le nommèrent ainsi. »
- ROBINARD François, 50 aérodromes pour une victoire, Bayeux, Heimdal, 2012, p. 86.
Cartigny L’Epinay, lieu-dit Les Jonquets, site de l’ALG A-5, juillet 2013.
« En fait les installations s’étalèrent sur deux communes, le lieu Chippel est sur Cartigny-L’Epinay ainsi qu’une partie de la piste, l’autre est sur Saint-Martin-de-Blagny. D’emblée, ils rencontrèrent des difficultés avec la nature du sol assez spongieux à cet endroit. De grands travaux de drainage furent nécessaires. »
- ROBINARD François, 50 aérodromes pour une victoire, Bayeux, Heimdal, 2012, p. 86.
Cartigny L’Epinay, lieu-dit Les Jonquets, monument à la mémoire de l’ALG A-5, juillet 2013.
« Le 3 juillet, les premiers P47 du 404th Fighter Group furent autorisés à se poser sur A-5 et le terrain fut déclaré opérationnel deux jours plus tard. »
- ROBINARD François, 50 aérodromes pour une victoire, Bayeux, Heimdal, 2012, p. 86.
Le Dézert, lieu-dit Le Camp, site de l’ALG A-18, août 2013.
« … construit par le 852nd EAB débarqué le 13 juillet en Normandie avec pour mission de réaliser un terrain pour chasseurs-bombardiers du XIX Tactical Air Command. Aidé par des éléments du 843rd EAB, ils terminèrent le 29 août, près d’une semaine après la Libération de Paris, bien trop tard pour qu’il puisse être utilisé. »
- ROBINARD François, 50 aérodromes pour une victoire, Bayeux, Heimdal, 2012, p. 232.
Saint-James, lieu-dit La Métairie, site de l’ALG A-29, aout 2013.
« Le 2 août 1944, le lendemain de la Libération de la commune, un avion américain atterit dans un champ dépendant de la ferme de la Métairie. A son bord, deux militaires venus reconnaître le terrain envisagé pour l’aménagement d’un terrain d’aviation. Les jours suivants arrivèrent plusieurs gros engins de chantier. Le secteur sera complètement modifié. »
- ROBINARD François, 50 aérodromes pour une victoire, Bayeux, Heimdal, 2012, p. 255.
Saint-James, usine Tricots Saint-James sur la D111, site de l’ALG A-29, aout 2013.
« La piste s’étendait des Tricots Saint-James actuels (route d’Argouges) jusqu’à la route de Fougères, proche du hameau de la Hurretterie. Arbres et talus sont abattus, la Haie de Terre (qui datait des Normands) hélas disparaîtra. »
- ROBINARD François, 50 aérodromes pour une victoire, Bayeux, Heimdal, 2012, p. 255.
Pontorson, site de l’ALG A-28, juillet 2013.
« C’est le lieu-dit La Plaine qui fut retenu pour l’implantation du terrain. Les agriculteurs furent priés de faire tout ce qu’ils pouvaient, aidés parfois de Gis, pour sauver leur récolte car arriva bientôt une véritable armada d’engins alors inconnus chargés de raser toute forme de végétation sur la future zone de manœuvre des avions. La terre arable fut poussée assez loin des pistes pour être plus tard remise en place lorsque le terrain serait rendu. »
- ROBINARD François, 50 aérodromes pour une victoire, Bayeux, Heimdal, 2012, p. 253.
Pontorson, aux abords du site de l’ALG A-28, juillet 2013.
« Le 15 août, sous un soleil radieux, arrivèrent les premiers avions en provenance de A-14 Cretteville. Il s’agissait des P-47 du 358th Fighter Group, une centaine en tout, ce qui fit un vacarme étourdissant qui effraya quelque peu la population. »
- ROBINARD François, 50 aérodromes pour une victoire, Bayeux, Heimdal, 2012, p. 253.
Pontorson, lieu-dit Le Tertre Burel, monument à la mémoire de l’ALG A-28, juillet 2013.
« L’ALG fut opérationnel du 15 août au 11 septembre 1944, jour où le 358th F.G. s’envola à destination de Villacoublay. […] Le 26 septembre 1944, le terrain tout entier fut rendu à ses propriétaires qui durent remettre le sol en état de culture. Tout ce qui avait fait de cet endroit un terrain d’aviation fut abandonné aux cultivateurs qui, comme partout en Normandie, se servirent des plaques bitumées pour réparer provisoirement les bâtiments abimés par la mitraille et du grillage SMT fut découpé et distribué pour en faire, qui, des clôtures, qui, des barrières ou bien encore du fer pour armer les béton. Aujourd’hui rien ne subsiste de cet aérodrome. »
- ROBINARD François, 50 aérodromes pour une victoire, Bayeux, Heimdal, 2012, p. 253.
À la suite du débarquement les troupes américaines se sont empressées de déployer un impressionnant dispositif stratégique, visant à appuyer l’avancée des troupes. La réussite de l’opération passait en grande partie par la suprématie aérienne, qui permettait un appui permanent des chasseurs bombardiers aux troupes évoluant au sol.
Afin de disposer d’une aviation réactive, l’opération Overlord comportait la mise en place d’aérodromes sur le sol Français dès les premières heures de l’offensive. Dans un premier temps ces pistes précaires permettaient les atterrissages d’urgence. Elles furent ensuite affectées à l’évacuation d’urgence ainsi qu’aux chasseurs et aux bombardiers, avant que ces missions puissent évoluer depuis des aérodromes en dur, conquis au fur et à mesure de l’évolution de l’invasion.
Ce volet du projet revient sur les traces de ces bases disséminées dans la campagne Normande. Seuls quelques stèles et autres monuments témoignent encore directement de la trentaine d’aérodromes américains installés sur le sol Normand et aussi vite disparus à la fin de l’été 1944. Cependant une multitude de traces indicielles témoignent encore de cet épisode de la « Bataille de Normandie », comme les plaques perforées P.S.P. et le grillage S.M.T. à mailles carrées de 7cm, ceux-ci furent très vite recyclés en barrières et grillages et trouvent un usage encore actuellement.